Le débat ne se limite pas qu’à Pôle emploi et à la CAF, il va bien au-delà.
Dans cet épisode de « Toujours debout », notre quotidienne politique et culturelle Nadiya Lazzouni reçoit sur son plateau, Bastien Le Querrec et Benoît Piedallu, tous deux membres de l’association de défense des libertés numériques, La Quadrature du Net.
L’association vient tout juste de sortir un livre : « Internet et libertés : 15 ans de combat de la Quadrature du Net » (Éditeur : Vuibert). Un livre riche qui fait le point sur une évolution préoccupante : au départ un espace précieux de liberté, Internet est devenu aujourd’hui un territoire d’expérimentation de tous les systèmes de surveillance de masse, de ce que la Quadrature du Net appelle la technopolice, de la censure et de la publicité ciblée.
Avant de revenir sur cette dernière publication, Nadiya Lazzouni et ses invités commenceront par évoquer des articles de La Quadrature du Net proprement glaçants. Ces derniers dépeignent la France de 2022 où les technologies de contrôle social étant déjà réalité, à l’image du modèle chinois visant les personnes les plus précaires.
Écrit en 2020 pendant l’état d’urgence sanitaire, « le grand virage de l’humanité » annonçait déjà que la société de contrôle numérique, qualifiée de « foutur », vers laquelle ces mesures semblaient nous conduire, était en train de disparaître au profit d’un nouveau futur qualifié de « futé lumineux », sur la base de l’observation de « traces du futur » dans les évènements ayant précédé la crise.
Dans ce dernier futé lumineux, l’homme s’éveille enfin à la véritable nature de sa réalité et apprend à se relier à plus grand que lui, non pas dans une démarche religieuse mais plutôt spirituelle et laïque, par une connexion retrouvée avec son âme et son esprit. Cela se produit d’autant plus vite que la vraie science finit par admettre les fondements rationnels de ces deux derniers concepts spirituels, comme l’explique ce livre en seconde partie.
Où en est-on aujourd’hui ?
« J’ai gagné la première place », a déclaré un utilisateur connu sous le nom de Sincarnate dans un message sur Discord, au-dessus des photos des toiles générées par l’IA et exposées à la foire. La victoire de Sincarnate a suscité des discussions animées sur les médias sociaux sur la nature de l’art et ce que signifie être un artiste. Certains commentateurs pensent que l’art humain est condamné par l’IA et que tous les artistes sont destinés à être remplacés par des machines. D’autres pensent que l’art évoluera et s’adaptera aux nouvelles technologies qui se présenteront, citant les synthétiseurs dans la musique.
Les artistes sont furieux.
Malgré le fait que personne ne l’ait demandé, le Forum économique mondial préconise désormais la fusion des systèmes d’intelligence humaine et artificielle pour censurer les « discours de haine » et la « désinformation » en ligne avant même qu’ils ne soient autorisés à être publiés. Un rapport publié sur le site officiel du WEF met sinistrement en garde contre le péril que représente « le monde obscur des préjudices en ligne ». Mais l’organisme mondialiste, dirigé par le méchant Klaus Schwab, a une solution. Ils veulent fusionner les « meilleurs » aspects de la censure humaine et des algorithmes d’apprentissage automatique de l’IA pour s’assurer que les sentiments des gens ne sont pas blessés et que les opinions du contre-régime sont mises sur liste noire.
« En combinant de manière unique la puissance d’une technologie innovante, la collecte de renseignements hors plateforme et les prouesses d’experts en la matière qui comprennent comment les acteurs de la menace opèrent, la détection à grande échelle des abus en ligne peut atteindre une précision quasi parfaite »
Une nouvelle IA conçue pour prédire la criminalité avant qu’elle ne se produise a été testée dans plusieurs villes américaines. Elle a prédit avec précision les événements dans 80 à 90 % des cas. L’IA est censée être conçue pour optimiser les politiques et allouer des ressources aux zones d’une ville qui en ont le plus besoin, mais les inquiétudes sont nombreuses quant aux mauvais résultats de l’IA et à ses biais inhérents.
Dans l’épisode, des dirigeants de Corsight AI ont été interviewés, soulignant les avantages de la technologie de reconnaissance faciale dans la lutte contre la criminalité dans les cas où les suspects ont couvert leur visage.
« Nous pouvons faire de la reconnaissance faciale avec des masques, nous pouvons faire de la reconnaissance faciale à 90 degrés de rotation de la tête. Nous pouvons faire de la reconnaissance faciale, des angles d’adresse aigus à partir de caméras montées en hauteur »
L’erreur consisterait à penser que la surveillance numérique se limite à votre smartphone. Certes, cet outil est un redoutable espion qui permet à l’Etat de tout savoir sur vous pour peu que les fournisseurs de données transmettent les informations qui vont bien. Mais il faut avoir conscience que l’épidémie de coronavirus a donné aux pouvoirs policiers l’opportunité d’avancer grandement dans leurs projets de mise sous surveillance.
En France, par exemple, en décembre 2020, des décrets sont passés autorisant le fichage de tous les citoyens selon leurs opinions philosophiques. L’année suivante, le Parlement a adopté une loi autorisant la reconnaissance faciale en temps réel des personnes participant à une manifestation.