De quoi s’agit-il exactement ?
Il s’agit de mettre en place des « traitements algorithmiques sur les images collectées au moyen de systèmes de vidéoprotection et de caméras installées sur des aéronefs (1) ». Si le projet de loi se défend de vouloir mettre en place de la reconnaissance faciale, il reconnaît cependant vouloir procéder, via son système de camera-protection, à un « signalement d’attention, strictement limité à l’indication du ou des événements prédéterminés qu’ils ont été programmés pour détecter ».
Faut-il s’inquiéter ou se réjouir de l’implémentation de cet outil à notre besace sécuritaire ?
De fait, depuis quelques années, chaque événement exceptionnel est prétexte à la mise en place de nouvelles mesures de contrôle qui conduisent à la construction progressive d’une société de surveillance.
Tout le monde se rappelle l’impact liberticide qu’a eu le 11 septembre 2001 sur la vie des Occidentaux. À l’époque déjà, nombreux étaient les membres de la société civile à s’inquiéter d’une dérive dont on ne voyait pas l’efficacité (les menaces terroristes n’ont pas cessé avec la mise en place de mesures de surveillance globale), et dont on ne souhaitait pas non plus la pérennité.
Ce climat a tenu pendant trente ans avec, en France, près de quarante lois contre le terrorisme. Puis il y a eu l’épisode du Covid-19 avec son cortège de passes, de QR codes, de gestion des foules par la peur et la délation, de confinements obligatoires…
Plus récemment encore, c’est avec le conflit ukrainien que le monde de la surveillance généralisée a franchi un nouveau cap. En effet, le logiciel de reconnaissance biométrique faciale américain Clearview, a été offert gratuitement aux autorités ukrainiennes afin de pouvoir identifier les soldats russes décédés sur le front et en informer leur famille dans un but de guerre psychologique.
Une autre excuse pour introduire l’identification numérique.
Après avoir créé une technologie – utilisée pendant des années, voire des décennies dans l’industrie du divertissement – pour produire des contrefaçons profondes, pourquoi cette même industrie ne nous mettrait-elle pas en garde contre tous les dangers de cette technologie – et ne proposerait-elle pas de toutes nouvelles solutions à ce problème, que certaines d’entre elles auraient ostensiblement créées en premier lieu ?
Il pourrait y avoir un public pour cela.
En particulier celui qui croit à l’idée que la plupart des gens, de nos jours, « vivent leur vie en ligne » – ce qui n’est pas vrai, en ce qui concerne la plupart des gens. Certes, les services en ligne tels que la banque et le chat sont pratiques, mais « vivre » une vie en ligne est une proposition tout à fait différente.
Ensuite, il y a le terme « intelligence artificielle » (IA), alors que toute personne ayant une connaissance, même superficielle, de cette technologie sait que nous sommes aujourd’hui TRÈS loin de ce que les médias grand public font croire, ou de ce qu’ils sont susceptibles de réaliser (le mieux que l' »IA » puisse offrir aujourd’hui est un faible sous-ensemble appelé « apprentissage automatique », ML).
Cela mis à part, le Times of London semble vous demander de mettre de côté toutes vos connaissances, votre scepticisme et votre expérience, et de suivre l’histoire – comme dans « ne jamais laisser la vérité se mettre en travers d’une bonne histoire ».
C’est ainsi que nous apprenons que des « entrepreneurs inventent des défenses d’identité numérique ».
L'un de leurs systèmes les plus connus est Face++, qui est utilisé par la police pour retrouver des criminels. Cependant, cette technologie peut également être utilisée de manière beaucoup plus intrusive, à des fins de surveillance de masse, de violation de la vie privée et de discrimination. De plus, les systèmes de reconnaissance faciale ne sont pas infaillibles et peuvent parfois donner des résultats erronés, ce qui peut entraîner des conséquences graves pour les individus concernés.
Le projet Skynet est un système de surveillance et de sécurité national de la Chine qui utilise des technologies avancées telles que la reconnaissance faciale, l’analyse des comportements et des données de masse pour surveiller la population du pays. Le système comprend un vaste réseau de caméras de sécurité, des bases de données de surveillance, des centres de surveillance et de contrôle et des logiciels d’analyse avancés. Sous couvert d’être utilisé pour lutter contre le crime, il a été critiqué pour ses violations de la vie privée et pour le potentiel de surveillance et de contrôle de masse qu’il représente.
Visa, le partenaire officiel de la FIFA en matière de technologies de paiement, est prêt à apporter ce qu’il appelle des technologies de paiement biométriques « innovantes » à la Coupe du monde au Qatar, qui débute dimanche. Plus d’un million de fans de football sont attendus au Qatar pour le tournoi quadriennal.
Visa a installé 5 300 terminaux de paiement sans contact sur les sites de la FIFA, faisant de la Coupe du monde du Qatar le tournoi le plus équipé en moyens de paiement organisé par la FIFA. La Coupe du monde offre à Visa une scène mondiale pour tester de nouvelles technologies. Au Qatar, Visa mènera plusieurs projets pilotes limités qui illustrent l’avenir des paiements.
L’émission présentera du contenu drôle et viral capturé par les caméras Ring, comme « des voisins qui sauvent leurs voisins, des demandes en mariage, des réunions militaires et des animaux stupides ».
De telles vidéos peuvent être divertissantes et deviennent souvent virales. Cependant, elles détournent l’attention des gens de la surveillance de masse exercée par les caméras Ring. Les vidéos des caméras Ring ont été utilisées dans le cadre d’enquêtes menées par les forces de l’ordre aux États-Unis et à l’étranger, allant jusqu’à tirer des vidéos des caméras de sonnettes des particuliers sans mandat.
En entretenant la peur de la criminalité dans les banlieues et en s’associant avec les services de police, Amazon a déployé de manière agressive les caméras de surveillance domestique Ring.
Dans l’épisode, des dirigeants de Corsight AI ont été interviewés, soulignant les avantages de la technologie de reconnaissance faciale dans la lutte contre la criminalité dans les cas où les suspects ont couvert leur visage.
« Nous pouvons faire de la reconnaissance faciale avec des masques, nous pouvons faire de la reconnaissance faciale à 90 degrés de rotation de la tête. Nous pouvons faire de la reconnaissance faciale, des angles d’adresse aigus à partir de caméras montées en hauteur »
Résultat des courses : un beau bordel, une honte internationale et une preuve de plus que la gestion globale française ressemble en tout point à celle d’une république bananière.
Suite à cet événement, qui a eu un retentissement mondial – fort négatif pour la France –, deux écoles s’affrontent : la première, c’est celle d’un pouvoir néolibéral dont la tâche principale consiste à détruire les services publics, y compris celui de la sécurité, pouvoir qui a donné l’impression d’être complètement dépassé dans le maintien de l’ordre samedi 28 mai 2022 au soir, à Saint-Denis, mais aussi à Paris, où des supporters anglais ont été gazés. On ne reviendra pas sur les exactions des uns et des autres, racailles racketteurs, supporters sans billet ou policiers gazeurs.
La seconde est plus tordue, mais elle commence à émerger.
Cette théorie consiste à penser que le chaos a été pensé pour faire du 28 mai une date qui, un peu comme un attentat, justifierait un accroissement de la surveillance des citoyens, en prenant évidemment prétexte des débordements des supporters ou des racailles.
« Estrosi dit ce matin sur Europe1 qu’il faut profiter du chaos au #stadedefrance pour mettre en place « la reconnaissance faciale » ! Au moment où un rapport du Sénat la réclame aussi !
Vous les voyez venir ?! »