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Thierry Meyssan : Tous les empires sont mortels, l’« empire américain » aussi

VoltairenetThierry Meyssan : Tous les empires sont mortels, l’« empire américain » aussi

Voltairenet - 24 avr 2023

La semaine dernière, je m’interrogeai sur la réalité de la rivalité entre les États-Unis et la Chine. Peut-être le « piège de Thucydide » n’est qu’un paravent qui masque la désintégration imminente de l’« empire américain ».

   

Dans le présent article, je résume son parcours que les Occidentaux n’ont pas compris, et j’invite à penser ce qui pourra advenir lorsqu’il aura disparu.

L’URSS s’est effondrée sur elle-même, non pas à partir de la guerre d’Afghanistan (1979-89), mais à partir de la catastrophe de Tchernobyl (26 avril 1986). Les Soviétiques se sont soudainement rendus compte que l’État ne maîtrisait plus rien. Les membres du Pacte de Varsovie, dont Léonid Brejnev avait fait des vassaux, se révoltèrent. Les Églises, les Jeunesses Communistes et les Gays d’Allemagne de l’Est firent tomber le Mur de Berlin [1]. Non seulement l’URSS ne réagit pas, mais elle abandonna ses alliés hors d’Europe, notamment Cuba. Le Premier secrétaire du parti, Mikhaïl Gorbatchev, se transforma de réformateur en liquidateur. L’URSS éclata, créant quantité de nouveaux États indépendants. Puis ce fut la descente aux enfers. Quelques « Nouveaux Russes » s’approprièrent les biens collectifs et se livrèrent une guerre à la mitraillette dans les rues de Moscou et de Saint-Petersbourg. La production s’effondra. Il devint difficile de trouver à manger dans de nombreuses régions russes. L’espérance de vie chuta brutalement d’une quinzaine d’années. La chute fut si brutale que personne n’aurait alors pensé que le pays se relèverait rapidement.

Simultanément, les États-Unis imaginent ce qu’ils pourraient faire sans rival. Le président George H. Bush Sr., s’exprimant devant le Congrès réuni au grand complet le 11 septembre 1990, lance l’idée d’un « Nouvel Ordre Mondial ». Il vient de mettre en scène une guerre dans le Golfe à laquelle presque tous les États du monde se joignent. Avant même la dissolution de l’URSS, les États-Unis sont devenus l’hyperpuissance que nul ne conteste [2]. Le straussien Paul Wolfowitz élabore une doctrine visant à prévenir l’émergence d’un nouveau compétiteur, qui prendrait la place de l’Union soviétique. Il désigne sans hésiter le projet politique de François Mitterrand et d’Helmut Köhl, l’Union européenne, comme l’ennemi à abattre. Celle-ci est viciée dès le départ avec l’obligation d’y faire adhérer tous les États du Pacte de Varsovie et de l’ex-URSS jusqu’à ce que ses institutions deviennent impraticables et l’inscription dans le Traité de Maastricht de la défense de l’UE par Washington.

Le Pentagone est si sûr de ne plus avoir d’adversaire à sa hauteur qu’il démobilise 1 millions d’hommes une fois l’Iraq écrasé. Les unités de recherche-développement des armées sont dissoutes. Le président Bush père croit que cette guerre est la dernière et qu’une ère de prospérité débute.

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