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La Syrie sort du tunnel

Réseau InternationalLa Syrie sort du tunnel

Réseau International - 30 avr 2023

Après l’accord conclu sous l’égide de la Chine entre l’Arabie saoudite et l’Iran, un autre bouleversement diplomatique se prépare au Moyen Orient. Cette fois-ci, c’est la Russie qui joue les chefs d’orchestre.

   

Alors que le monde n’a pas encore totalement intégré la réalité – et les conséquences – du rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’Iran orchestré par la Chine, un autre bouleversement est en préparation dans la région. Cette fois, ce sont les Russes qui sont à la manœuvre. Le ministre des Affaires étrangères saoudien, Faisal Bin Farhan a atterri à Damas la semaine dernière pour y rencontrer le président syrien Bashar al-Assad. Sa visite faisait suite à celle du ministre syrien des Affaires étrangères Faisal Mikdad, qui s’est rendu le mois dernier à Riyad.

Les deux pays avaient coupé leurs relations diplomatiques depuis 2012, au début de la guerre civile en Syrie, alors que l’Arabie saoudite avait mis son poids dans la balance en finançant les insurgés dans l’espoir de renverser Assad. Le volte-face diplomatique de l’Arabie saoudite est à comprendre dans le contexte d’une nouvelle définition de sa politique étrangère, qui s’est traduite dans l’accord historique signé avec l’Iran. Cette nouvelle approche cherche la stabilité régionale en résolvant les conflits plutôt que par des stratégies militaires d’endiguement.

Comme l’a commenté le ministre saoudien à Damas : « l’objectif des Saoudiens est de trouver une solution politique à la crise syrienne qui mettrait un terme à ses contre-coups dans la région et qui, en préservant l’unité, la sécurité, la stabilité et l’identité arabe de la Syrie lui permettrait d’être réintégrée dans son environnement arabe. »

Cette avancée diplomatique gigantesque entre Riyad et Damas est la conséquence de l’influence grandissante de la Russie dans les affaires du Moyen-Orient et constitue le dernier des signaux les plus visibles de la perte d’ascendance des États-Unis dans la région, où son empreinte militaire et diplomatique a décliné régulièrement au cours des dernières années.

La Russie bénéficie de liens de longue date avec le gouvernement syrien. En 2015, son intervention dans la guerre civile a permis de sauver le gouvernement d’Assad, lui permettant de regagner l’initiative contre une opposition soutenue par les États-Unis et les Saoudiens. Sa relation avec l’Arabie saoudite, à l’opposé, était plus complexe, dans la mesure où les saoudiens restaient alignés sur les objectifs états-uniens en matière de sécurité nationale et étrangère au Moyen-Orient et de politique énergétique globale. Mais cette dynamique a changé en octobre 2018, lorsque des agents saoudiens, dont il est dit qu’ils travaillait sous les ordres directs du prince de la couronne Mohammed Ben Salmane, ont assassiné le journaliste saoudien dissident Jamal Khashoggi.

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